Communautés, contact et changements linguistiques dans la diaspora acadienne

Ce nouveau projet de recherche porte sur la variation et le changement linguistique dans huit collectivités acadiennes rurales dont l’histoire du peuplement et du contact interdialectal s’entrecoupent. Aux cinq collectivités déjà étudiées (Grosse Coques et Chéticamp en Nouvelle-Écosse ; Iles de la Madeleine au Québec ; Stephenville et l’Anse-à-Canards à Terre-Neuve) viennent s’ajouter : Abram Village et Saint-Louis à L’Ile-du-Prince-Édouard ainsi que l’Isle Madame en Nouvelle-Écosse.

Notre projet de recherche précédent abordait la question de la nature du contact interdialectal et les facteurs sociodémographiques qui influent sur la langue. Ce travail a permis de faire des avancées méthodologiques importantes et d’apporter des réponses à plusieurs questions théoriques mais en a aussi soulevé d’autres. Nous avons donc décidé d’étendre nos analyses à d’autres collectivités afin de mieux identifier les micro-regroupements à l’intérieur de chacune en ciblant les individus. À l’instar de notre projet de recherche précédent, nous faisons appel à des données de la langue orale tirées d’enregistrements d’archives et d’entrevues sociolinguistiques auprès de locuteurs nés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Cette nouvelle étape de notre projet tente de répondre aux questions de recherches suivantes : (1) En quoi les particularités du contact interdialectal dans chaque collectivité sont-elles responsables des différences ou des similitudes entre celles-ci ? (2) Quels types de regroupements sociodémographiques représentent le mieux chaque collectivité ? (3) Quel est le lien entre les patterns sociolinguistiques trouvés dans les collectivités et des macro-regroupements comme la Communauté du Golfe ? (4) Quels facteurs peuvent expliquer les relations d’indexation entre traits linguistiques et valeur sociale et comment celles-ci peuvent-elles mener à un changement dans la langue ? (5) Quels facteurs déterminent le changement, le maintien ou la différenciation d’un dialecte ? (6) Quels enseignements pouvons-nous tirer de l’étude de l’identité et l’appartenance d’un individu par rapport à sa collectivité ? Notre projet permet aussi de jeter un éclairage sur des variétés de français acadien peu étudiées jusqu’ici, d’enrichir nos connaissances du français au Canada et d’acquérir des perspectives nouvelles sur les pratiques langagières, le contact interdialectal, l’appartenance et l’identité dans les petites collectivités rurales.
Les résultats d’analyses impliqueront l’apport de plusieurs sous-disciplines en linguistique ainsi qu’en ethnographie, histoire sociale et sociologie. À travers nos collaborations avec des musées, dépôts d’archives et centres culturels, ajoutés à la collaboration des participants aux entrevues sociolinguistiques, nous avons accès à des données riches et variées. En plus de contribuer au développement de la recherche académique, nous désirons participer à des activités impliquant les intervenants communautaires et les autres membres de la diaspora acadienne.

Ce projet de recherche est financé par une Subventions Savoir 2021–2025 du CRSH.
Chercheure principale : Ruth King. Co-chercheurs: Philip Comeau et Carmen L. LeBlanc